mercredi 7 décembre 2016

Nora Webster - Colm Toibin

Comment continuer à vivre lorsque l’on perd son pilier ?

Je remercie la maison d’éditions Robert Laffont pour l’envoi de ce livre. Après avoir adoré découvrir Brooklyn j’étais très tentée par le nouveau roman de Colm Toibin paru pour cette rentrée littéraire 2016.
Titre du livre :
Nora Webster
Auteur :
Colm Toibin
Editions :
Robert Laffont
Genre :
Roman
Date de sortie :
Aout 2016
Pages :
411
Thèmes :
Deuil, émancipation, Irlande, années 60

Résumé éditeur :

Irlande, fin des années 1960. Nora, qui élève seule ses quatre enfants depuis la mort de son mari, tente de refaire sa vie sous l'œil critique des habitants de la petite ville où elle vit depuis toujours. Opiniâtre et indocile, elle s'affranchit peu à peu des cancans et s'autorise de menues libertés : prendre des cours de chant, s'acheter une chaîne stéréo... La profondeur des émotions que soulève en elle la musique s'accorde au réveil de sa sensibilité et de sa personnalité.
Le récit de la renaissance de Nora dans une société irlandaise en pleine mutation est magistralement servi par une prose musicale, délicate et nuancée : " Ce sont les phrases renfermant de l'émotion qui m'intéressent, dit Colm Tóibín. À travers le rythme, il faut contenir l'émotion, la relâcher, la contenir, la relâcher. " Et derrière le portrait de Nora, c'est la vérité de sa mère qu'il tente d'atteindre. Il lui a fallu plus d'une décennie pour terminer ce livre, trop intimidant, trop personnel.

Mon avis :

Tout comme Brooklyn j’ai beaucoup aimé ce livre. Ici on suit Nora Webster, une femme de 46 ans, elle a 4 enfants et lorsqu’on la rencontre cela fait 6 mois qu’elle a perdu son mari. Nora vit à Enniscorthy en Irlande. On est dans la même ville que dans Brooklyn et c’est d’ailleurs la ville où est né l’auteur. On sent donc un attachement tout particulier à cette petite ville d’Irlande.
J’ai adoré ce livre, on déambule entre Enniscorthy, Dublin, Rosslare. J’ai vraiment passé un bon moment. 

Cependant je ne pense pas que ce livre plaira à tout le monde. Ici on est dans le thème du deuil et de la reconstruction. Tout comme dans Brooklyn le rythme est lent, c’est un roman calme tourné vers l’exploration des sentiments et l’émancipation d’une femme. Il ne se passe pas grand-chose.

On suit Nora dans son quotidien et dans son deuil pendant tout le roman. L’histoire est très touchante, l’auteur montre à quel point le deuil peut être long et douloureux. On sent que Nora était très amoureuse de son mari, qu’il était tout pour elle.

Au début du livre Nora aimerait surtout qu’on la laisse tranquille, les habitants viennent la voir tous les soirs à tour de rôle présenter leurs condoléances mais on sent que ça l’agace et qu’elle aimerait juste une chose c’est qu’on la laisse seule dans ses pensées. Je l’ai sentie parfois déconnectée et distante même avec ses propres enfants.
Ce que j’aime dans les romans de Colm Toibin c’est qu’il parle de destin de femme sans les idéaliser, sans mettre de la guimauve partout. En effet Nora Webster n’est pas une femme parfaite. Elle n’est pas très affirmée et j’ai eu l’impression qu’elle n’osait pas toujours s’exprimer et dire ce qu’elle pensait. Ça fait qu’elle peut sembler énervante par certains côtés. Je dirais même aussi égoïste et froide par moments.
Mais ce qui ressort c’est que la mort de son mari et l’absence qu’il laisse est un véritable choc pour Nora, son monde s’est écroulé et elle doit à tout prix rebondir pour subvenir aux besoins de sa famille.

Elle devra faire des choix, vendre ou non sa maison de vacances, reprendre un emploi, tourner tout doucement la page de sa vie conjugale. Elle est désormais seule à la barre et c’est en ça que cette histoire m’a passionné ; Nora Webster représente un mélange d’émotions sincères, peine, colère, nostalgie et en même temps une notion du devoir et une volonté de faire vivre son foyer. Retourner au travail ne sera pas aisé, elle fera même les frais d’une supérieure frustrée qui passera ses nerfs sur elle et c’est une Nora Webster en plein burn out que nous suivrons à un moment donné !

Tout doucement elle s’affirmera et se reconstruira dans cette Irlande de fin des années 60, dans un contexte tendu entre catholiques et protestants, et avec les débuts de l’IRA.
J’ai aimé suivre cette femme dans son deuil et voir les étapes petit à petit qu’elle franchit pour garder la tête hors de l’eau.

Nora Webster est un roman magnifique, un beau portrait de femme qui s’affirmera au fil des pages, qui nous laisse entrevoir ses difficultés sans qu’on ne la prenne jamais en pitié. Une rencontre qui ne laisse pas indifférent et une plume tout en sensibilité. Je ne mets pas 5/5 car j’ai trouvé certains passages un peu trop long.

Citations :

« Elle avait l'impression d'être sous l'eau et d'avoir renoncé à lutter pour remonter prendre de l'air à la surface. Rejoindre les autres dans le monde qu'ils habitaient lui paraissait impossible ; ce serait trop, elle ne le désirait même pas. Comment expliquer cela à quelqu'un qui cherchait à savoir comment elle allait ou qui lui demandait si elle avait surmonté le choc de la mort de Maurice. »

« Ils n’avaient jamais vu un film tel que celui-ci. Il venait percuter quelque chose en eux qui était ouvert et à vif, comme si eux aussi vivaient dans une maison avec une femme qui malgré ses efforts pour n’en rien laisser paraître, était toujours agitée, anxieuse, et ne révélait pas ses véritables pensées. » p.114

En quelques mots :

Un roman très émouvant que j’ai adoré. L’histoire de la renaissance d’une femme suite à la perte de son mari. Avancer est difficile après un tel drame, c’est petit à petit qu’elle fera son deuil et qu’elle s’émancipera.


Ma note pour ce livre :
4,75/5





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