mardi 9 avril 2019

L'envol du moineau - Amy Belding Brown


"Il y beaucoup de choses chez les Indiens qui vous surprendront, il vous suffit d'ouvrir les yeux."

Titre du livre :
L’envol du moineau
Auteur :
Amy Belding Brown
Editions :
Cherche midi
Genre :
Roman historique
Date de sortie :
21/03/2013
Pages :
460
Thèmes :
Indiens d’Amérique, femme, liberté, société, morale

Résumé éditeur :
D'après des faits réels, le superbe portrait d'une femme découvrant la liberté au milieu des Indiens.
Colonie de la baie du Massachusetts, 1672. Mary Rowlandson vit dans une communauté de puritains venus d'Angleterre. Bonne mère, bonne épouse, elle souffre néanmoins de la rigidité morale étouffante qui règne parmi les siens. Si elle essaie d'accomplir tous ses devoirs, elle se sent de plus en plus comme un oiseau en cage. Celle-ci va être ouverte de façon violente lorsque des Indiens attaquent son village et la font prisonnière. Mary doit alors épouser le quotidien souvent terrible de cette tribu en fuite, traquée par l'armée. Contre toute attente, c'est au milieu de ces " sauvages " qu'elle va trouver une liberté qu'elle n'aurait jamais imaginée. Les mœurs qu'elle y découvre, que ce soit le rôle des femmes, l'éducation des enfants, la communion avec la nature, lui font remettre en question tous ses repères. Et, pour la première fois, elle va enfin pouvoir se demander qui elle est et ce qu'elle veut vraiment. Cette renaissance pourra-t-elle s'accoutumer d'un retour " à la normale ", dans une société blanche dont l'hypocrisie lui est désormais insupportable ?

Cette magnifique épopée romanesque, inspirée de la véritable histoire de Mary Rowlandson, est à la fois un portrait de femme bouleversant et un vibrant hommage à une culture bouillonnante de vie, que la " civilisation " s'est efforcée d'anéantir.


" Dès la première page, Amy Belding Brown propulse le lecteur directement au cœur sombre de l'Amérique puritaine du xviie siècle et ne le lâche plus jusqu'à la fin. Ce livre, basé sur un travail de recherche monumental, est une chronique passionnante des premiers antagonismes entre le monde des Indiens et celui des Blancs. Inspiré d'une histoire vraie, c'est un superbe roman à la fois violent, tragique, courageux et édifiant. Notre cœur bat au rythme de celui de l'héroïne, cette femme extraordinaire qui, en dépit de tout, non seulement survit, mais triomphe de son destin. " Jim Fergus

Mon avis :
J’ai pu lire ce roman grâce à une masse critique Babelio que je remercie ainsi que la maison d’édition pour cet envoi. Quand j’ai lu le résumé et vu que ce roman est recommandé par Jim Fergus, j’étais à moitié conquise.

Et pourtant ma lecture de ce roman fut pénible, je n’ai pas l’habitude de dire ça, mais j’ai détesté ce livre.


Nous sommes en 1672 au Massachusetts. Le premier chapitre est une scène d’accouchement, celui de Bess, 15 ans jeune fille de fermier. C'est Mary Rowlandson qui est appelé pour aider Bess à accoucher. Elle la force à révéler le nom du père, alors qu’elle est en plein travail. Le bébé a la peau foncé, Bess est amoureuse d'un esclave. Mary est très pieuse, elle redoute la réaction des gens du village.

On suit Mary qui vit parmi une communauté d’anglais très puritains et elle semble parfois questionner sa religion, mais pas trop car son mari est pasteur.
Le fils de Bess est arraché à sa mère à 2 ans car comme il est fils d'esclave il en est un d'office.
Mary est outrée. Elle souligne la contradiction des paroles de la bible et sa mise en pratique. Elle est la seule parmi sa communauté de puritains à faire preuve de compassion pour Bess. A la page 40 Mary et Bess ont une conversation sur l'esclavage et ce que dit la bible à propos de l'asservissement :

« Au bout d'un moment, Bess reprend la parole ce n'est peut-être pas une révélation du Seigneur mais je reste convaincue que c'est mal d'asservir une autre personne.
- C'est dans l'ordre des choses dit Mary, la volonté de Dieu. Paul n'a-t-il pas, dans sa première lettre aux Corinthiens recommandé à l'esclave d'accepter sa situation et de servir le Seigneur ?
- Il dit que nous avons été racheté à un grand prix et que nous ne devons pas devenir les esclaves des hommes, répond aussitôt Bess.
Surprise que la jeune fille connaissent aussi bien la Bible, Mary se tourne vers elle mais ne dis rien elle préfère garder le silence, consciente qu'elle devrait consulter son mari bien plus éclairé qu'elle dans ce domaine. Consciente, aussi, qu'elle n'osera probablement pas l'importuner pour lui en parler. »

Dès le début du roman on est directement plongé dans une communauté anglaise très puritaine de l'Amérique. Le personnage de Mary va désobéir une fois à son mari puis deux en allant aider Bess à accoucher puis en allant lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles. Du coup très vite on se dit qu'il va y avoir un point de rupture parce que même si Mary est très pieuse on comprend qu'elle va remettre en question l'autorité patriarcale.
Mary avait donc cet esprit rebelle qui aurait pu me plaire dès le début, sauf que dans la suite du roman, son évolution ne m’a pas plu du tout.

Le climat ambiant est très tendu. Les femmes qui soignent sont victime de suspicion de sorcellerie. Les natifs et les colons sont en constante guerre de territoires, il y des massacres en bonne et due forme.

Un nuit les indiens attaquent le village de Mary et elle est faite prisonnière. Son mari, le pasteur n’est pas là pour la sauver.
Mary est vendue à un indien, Sarah sa fille meurt dans ses bras et elle se retrouve seule dans cette nouvelle vie, avec les indiens dont elle ignore tout. Elle se réfugie dans la prière.

Forcément quand c’est Jim Fergus qui fait la promo du livre, je vais comparer avec Mille femmes blanches. Quelle déception ! Mary est bien loin de la femme forte et libre qu’est May Dodd, l’héroïne de Mille femmes blanches

Je n'ai pas aimé la narration au présent. Je ne la trouve pas naturelle même si elle permet d'être immergé dans la vie du camp et de suivre Mary au plus près.
Ça rend la lecture monotone. Je trouve qu’il y a trop de descriptions et qu’elles cassent le rythme. Le style est un peu trop documentaire à mon goût, trop de détails inutiles.

Concernant Mary :
Elle ressent un frisson indescriptible pour James, qu'elle est ne devrait pas ressentir pour un autre homme que son mari. James est le cliché du beau mâle sauveur. C’est un indien qui a décidé de se convertir au christianisme, il connait les deux langues et les deux cultures et sert donc bien sûr de traducteur pour Mary, comme c’est pratique. Je ne m’attarde pas sur le personnage de James sinon je vais m’énerver.
Le salut de Mary dépend uniquement d'un homme : Ça m'énerve !! (oops)
Mary est cruche parfois, elle ne comprend même pas pourquoi James fait tout pour la protéger.
Vivre avec les indiens c'est l'occasion pour Mary de faire une introspection. Elle regrette l'éducation trop stricte qu'elle a donné à ses enfants. Elle regrette de les avoir frappés.
Ce ne qu'en étant esclave elle-même qu'elle se rend compte que l'esclavage c'est mal. Soi-disant religion qui prône la compassion et l'amour d'autrui. Les puritains sont de vrais diables.
Le sort de Mary est débattu. [SPOIL] Elle sera vendue aux anglais. Le problème c'est qu'elle n'a plus envie de retourner vivre chez les anglais, après avoir vécu quelques semaines comme esclave parmi les indiens elle se dit que c'est trop cool et en plus il y a le charmant James qui l'appelle taquinement "femme de feu" et elle kiffe ce surnom ça la fait rougir de plaisir.
Elle se lève en pleine nuit, marche au hasard et elle ne sait pas où elle va mais se retrouve dans la tente de James, on se doute bien pourquoi.
Le lendemain elle va supplier le chef indien de la garder parmi eux et de ne pas la rendre aux anglais. La liberté chez les Indiens c'est tellement mieux que chez les anglais puritains. [FIN DE SPOIL]

Mary est une femme perdue. C’est une mère qui a perdu ses enfants, qui vit mal l'abandon de son mari, elle remet en cause ce en quoi elle croyait.

Ça a beau être inspiré d'une histoire vraie, je n'y crois pas une seconde. Pourquoi la romance ? L'histoire en elle-même est assez intéressante, il n'y avait pas besoin selon moi de créer cette intrigue amoureuse. Le roman aurait pu être bien plus épique et tragique sans cet aspect.

L’objet livre est beau, il a tous les arguments pour faire vendre, mais il ne faut pas vous attendre à un roman du même niveau que Mille femmes blanches de Jim Fergus. L’auteure s’est inspirée de faits historiques et a brodé autour. Personnellement je trouve que ce n’est pas réussi. Libre à vous de le découvrir et de vous faire votre avis.

Dans ses notes à la fin du livre, l’auteure nous révèle les faits historiques dont elle s’est inspirée et son travail de recherche. C’est la partie que j’ai préféré lire.

Ce que j’ai le plus aimé :
► les 3 pages de notes de l'auteure en fin de livre.

Ce que j’ai moins aimé :
► personnage principale insupportable
► style plat et ennuyant
puritains puritains puritains.
► l’intrigue amoureuse à l’eau de rose qui gâche tout

Est-ce que je vous le conseille ?
Libre à vous de le découvrir, mais en toute honnêteté je ne vous le conseille pas. Je ne le trouve pas réussi et l’intrigue amoureuse m’a insupporté.

Citations :
« Un bijou qui encercle le poignet d'une femme est, en anglais, un bracelet
, mais un Nipmuc le voit comme une connexion. Ainsi, nous l'appelons petehennitchab ce qui signifie "là où la main reste glissé." Vous voyez, le mot explique ce que fait la main. Nous savons que les choses n'ont aucun sens si elles sont séparées de leur but. » P.177

"C'est la confession la plus intime qu'elle ait jamais faite - cathartique, totale et brutalement honnête. Elle lui parle des sentiments confus qu'elle nourrit à l'égard des Indiens, lui raconte à quel point elle était perturbée au début, mais que nombre de leurs coutumes l'attire aujourd'hui. Elle lui parle de l'attrait qu'elle ressent pour leur danse et leur chant étrange, le pouvoir des tambours, même la violence de leur chagrin. De l'admiration qu'elle éprouve pour leur patience stoïque et leur générosité. Pour les nombreuses libertés dont jouissent les femmes et du sang froid dont font preuve les hommes." P.207

" Vous ne pouvez pas échapper à votre destin, Chikohtqua. Aucun de nous ne le peux. Je sais que vous voulez rester. Mais il n'y a aucune vie possible pour vous ici. Il n'y a pas de nourriture, pas de village où vivre en sécurité. Le mode de vie indien est en train de s'évaporer comme la brume matinale."

"Elle éprouve la sensation déchirante d'être enfin arrivé chez elle et de ne pas pouvoir rester." P.231

En quelques mots :
L’histoire en elle-même est intéressante mais à la limite j’aurais préféré la découvrir sous forme de documentaire historique. L’auteure a brodé une intrigue autour de ces faits et ne nous épargne pas en clichés. Le personnage féminin est contradictoire, perdue, et ne peut être sauvée que par un homme. Son évolution est donc décevante, même si on remet les choses dans le contexte historique, j’aime quand même avoir des héroïnes inspirantes, et ce n’est pas le cas ici.
Un roman décevant qui manque de profondeur.


Ma note pour ce livre :
1/5


2 commentaires:

  1. Je te conseille plus que fortement «Dans le grand cercle du monde» de Joseph Boyden. Une claque. Roman à troix: celle d'un jésuite habitant dans un village indien qui tente de convertir au christianisme, une jeune iroquoise capturée et adoptée par l'indien qui a tué ses parents, et cet indien l'homme fort du village. Passionnant ce roman. On apprend pleins de choses sur les indiens, la colonisation française et anglaise.

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