mardi 6 septembre 2016

Une femme noire - Zora Neale Hurston


Titre du livre :
Une femme noire
Auteur :
Zora Neale Hurston
Editions :
Le castor astral
Genre :
Roman (littérature américaine)
Date de sortie :
Février 1993
Pages :
201
Thèmes :
Emancipation, féminisme, ségregation, racisme

Résumé éditeur :
Initialement publié en 1937, Une femme noire est l’œuvre majeure de Zora Neale Hurston, auteur auquel se réfèrent toujours des romancières comme Toni Morrison ou Paule Marshall. Il s’agit du premier roman explicitement féministe de la littérature afro-américaine. Devenu un véritable classique du genre, ce roman initiatique nous fait partager l’existence de Janie Crawford, jeune femme qui désire échapper à une vie toute tracée où l’homme blanc jette le fardeau aux Noirs, qui à leur tour le jettent à leurs femmes. Cette vaste fresque a su puiser dans l’art populaire pour en faire du grand art. Avec trente ans d’avance, Zora Neale Hurston a posé les jalons d’une écriture féminine noire.
Mon avis :
Je suis ravie d’avoir découvert ce classique tellement important qui a été écrit en 1936 à Haïti alors que l’auteur y séjournait pour se renseigner sur les pratiques vaudou. Grâce à son héroïne, l’auteur se fait la porte-parole des femmes noires américaines qui à l’époque peinent à trouver leur place et à se faire entendre dans un contexte post abolition de l’esclavage.

C’est un texte tellement important dans la littérature afro-américaine, c’est comme le point de départ, la base d’une pensée féministe tout en douceur.
C’est à travers tout un parcours initiatique que nous suivons Janie qui est le personnage central, et qui refuse dès le départ la vie que sa grand-mère a choisi pour elle. C’est une lutte intérieure qui se joue en elle, tout un cheminement de pensée qui va évoluer au fil du roman.

Janie est une femme digne, en quête de sa conscience et en quête de l’amour.
L’auteur pointe du doigt certes le racisme des blancs envers les noirs mais aussi les comportements abusifs des hommes noirs qui finalement s’alignent sur celui des blancs dans plusieurs domaines et notamment en rabaissant les femmes. Après l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis, c’est toute la communauté noire qui cherche sa place et qui doit affirmer son identité. L’auteur, anthropologue de formation, s’inspire de tout un folklore et de toute une croyance populaire et nous livre là un roman dont la force est de dépeindre la réalité de la volonté d’émancipation d’une femme noire à travers un voyage initiatique.

Ce roman est beau, ce roman est une voix, la voix de la femme noire. Dans ce magnifique roman, l’auteur a tenu à retranscrire la langue « black English ». Si la traduction française fait penser au début à un patois campagnard et rend la lecture assez bizarre, ensuite on se laisse facilement porter et envouter par la musicalité de cette voix. Cette utilisation du black English dans l’œuvre est essentielle et contribue avec force à la richesse de ce roman.

Ce que j’ai adoré par-dessus tout, c’est la voix de Janie. Elle ne s’exprime pas beaucoup au début, du moins pas avec son deuxième mari, nous la découvrons surtout à travers ses pensées. Mais à chaque fois qu’elle s’exprime c’est comme si on buvait ses paroles. Nous n’avons pas tellement de détail sur son premier mari, on sait juste que c’est sa grand-mère qui lui a imposé et qu’elle ne l’aime pas. Elle le quitte lorsqu’elle décide de s’enfuir avec Jodie qui deviendra son deuxième mari. C’est un homme noir, ambitieux, travailleur, et très autoritaire avec Janie. Il s’impose rapidement comme le maire de la petite bourgade d’Eatonville et possède un magasin dans lequel il fait travailler Janie. Il la rabaisse, l’insulte, la traite d’incapable mais tout ça c’est normal pour lui, après tout la femme doit servir l’homme alors il faut bien l’éduquer. Vous l’aurez compris elle ne trouve pas non plus sa place dans ce second mariage. Après son premier mari elle s'était rendu compte que mariage et amour ne vont pas forcément de pair, trouvera-t-elle l’amour avec son troisième mari ?
 Même si Janie encaisse beaucoup sans rien dire, cela ne veut pas dire qu’elle n’a rien dans le crâne, au contraire. Elle nous sort à plusieurs reprises des « punchlines » bien senties en réponse à son mari qui la rabaisse et c’est à mourir de rire. Janie est pour moi une héroïne littéraire qui m’a marquée et dont je me souviendrai.

C’est compliqué de faire un article complet sur un texte classique comme celui-là. Je n’ai fait qu’aborder les quelques points qui m’ont marqué, mais bien d’autre thèmes mériteraient d’être développés. J’ai eu du mal à rassembler mes idées et j’ai laissé passer un peu de temps après l’avoir lu avant d’écrire l’article. Peut-être que je complèterai ma chronique au fil du temps et que j’affinerai mes idées. Rien n’est figé.

Citations :
« Tu sais, mon chou, nous les gens dcouleur, nous sommes des branches sans racines et du coup, les choses nous reviennent de bizarre façon » p.29
« Elle comprenait à présent que le mariage ne faisait pas l’amour. Le premier rêve de Janie était mort, c’est ainsi qu’elle devint femme. » p.38
« Les années effacèrent la lutte du visage de Janie. Un temps elle crut qu’elle avait même abandonné son âme. Quoique fasse Jody, elle ne répondait rien. Elle avait appris à en dire peu et à en laisser penser un peu. Elle était une ornière sur la route. Grouillante de vie sous la surface, mais sans cesse battue par les roues. » p.87
En quelques mots :
Un classique de la littérature américaine, qui est d’ailleurs enseigné dans les écoles aux Etats-Unis. Une lecture envoutante et une héroïne qui part en quête d’elle-même. Un roman important et intéressant.

Ma note pour ce livre :
5/5



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire