Titre
du livre :
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Une
femme noire
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Auteur :
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Zora
Neale Hurston
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Editions :
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Le
castor astral
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Genre :
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Roman
(littérature américaine)
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Date de
sortie :
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Février
1993
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Pages :
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201
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Thèmes :
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Emancipation,
féminisme, ségregation, racisme
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Résumé éditeur :
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Initialement publié en 1937, Une femme noire est
l’œuvre majeure de Zora Neale Hurston, auteur auquel se réfèrent toujours des
romancières comme Toni Morrison ou Paule Marshall. Il s’agit du premier roman
explicitement féministe de la littérature afro-américaine. Devenu un véritable
classique du genre, ce roman initiatique nous fait partager l’existence de
Janie Crawford, jeune femme qui désire échapper à une vie toute tracée où
l’homme blanc jette le fardeau aux Noirs, qui à leur tour le jettent à leurs
femmes. Cette vaste fresque a su puiser dans l’art populaire pour en faire du
grand art. Avec trente ans d’avance, Zora Neale Hurston a posé les jalons d’une
écriture féminine noire.
Mon
avis :
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Je
suis ravie d’avoir découvert ce classique tellement important qui a été écrit
en 1936 à Haïti alors que l’auteur y séjournait pour se renseigner sur les
pratiques vaudou. Grâce à son héroïne, l’auteur se fait la porte-parole des
femmes noires américaines qui à l’époque peinent à trouver leur place et à se
faire entendre dans un contexte post abolition de l’esclavage.
C’est
un texte tellement important dans la littérature afro-américaine, c’est comme
le point de départ, la base d’une pensée féministe tout en douceur.
C’est
à travers tout un parcours initiatique que nous suivons Janie qui est le personnage central, et qui refuse dès le départ la
vie que sa grand-mère a choisi pour elle. C’est une lutte intérieure qui se
joue en elle, tout un cheminement de pensée qui va évoluer au fil du roman.
Janie
est une femme digne, en quête de sa conscience et en quête de l’amour.
L’auteur
pointe du doigt certes le racisme des blancs envers les noirs mais aussi les
comportements abusifs des hommes noirs qui finalement s’alignent sur celui des
blancs dans plusieurs domaines et notamment en rabaissant les femmes. Après l’abolition
de l’esclavage aux Etats-Unis, c’est toute la communauté noire qui cherche sa
place et qui doit affirmer son identité. L’auteur, anthropologue de formation,
s’inspire de tout un folklore et de toute une croyance populaire et nous livre
là un roman dont la force est de dépeindre la réalité de la volonté d’émancipation
d’une femme noire à travers un voyage initiatique.
Ce
roman est beau, ce roman est une voix, la voix de la femme noire. Dans ce
magnifique roman, l’auteur a tenu à retranscrire la
langue « black English ». Si la traduction française fait penser au
début à un patois campagnard et rend la lecture assez bizarre, ensuite on se
laisse facilement porter et envouter par la musicalité de cette voix. Cette utilisation
du black English dans l’œuvre est essentielle et contribue avec force à la
richesse de ce roman.
Ce que
j’ai adoré par-dessus tout, c’est la voix de Janie. Elle ne s’exprime pas
beaucoup au début, du moins pas avec son deuxième mari, nous la découvrons
surtout à travers ses pensées. Mais à chaque fois qu’elle s’exprime c’est comme
si on buvait ses paroles. Nous n’avons pas tellement de détail sur son premier
mari, on sait juste que c’est sa grand-mère qui lui a imposé et qu’elle ne l’aime
pas. Elle le quitte lorsqu’elle décide de s’enfuir avec Jodie qui deviendra son
deuxième mari. C’est un homme noir, ambitieux, travailleur, et très autoritaire
avec Janie. Il s’impose rapidement comme le maire de la petite bourgade d’Eatonville
et possède un magasin dans lequel il fait travailler Janie. Il la rabaisse, l’insulte,
la traite d’incapable mais tout ça c’est normal pour lui, après tout la femme
doit servir l’homme alors il faut bien l’éduquer. Vous l’aurez compris elle ne
trouve pas non plus sa place dans ce second mariage. Après son premier mari elle s'était rendu compte que mariage et amour ne vont pas forcément de pair, trouvera-t-elle l’amour avec
son troisième mari ?
Même si Janie encaisse beaucoup sans rien
dire, cela ne veut pas dire qu’elle n’a rien dans le crâne, au contraire. Elle nous
sort à plusieurs reprises des « punchlines » bien senties en réponse à son
mari qui la rabaisse et c’est à mourir de rire. Janie est pour moi une héroïne littéraire
qui m’a marquée et dont je me souviendrai.
C’est
compliqué de faire un article complet sur un texte classique comme celui-là. Je
n’ai fait qu’aborder les quelques points qui m’ont marqué, mais bien d’autre
thèmes mériteraient d’être développés. J’ai eu du mal à rassembler mes idées et
j’ai laissé passer un peu de temps après l’avoir lu avant d’écrire l’article. Peut-être
que je complèterai ma chronique au fil du temps et que j’affinerai mes idées.
Rien n’est figé.
Citations :
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« Tu sais, mon chou, nous les gens dcouleur, nous
sommes des branches sans racines et du coup, les choses nous reviennent de
bizarre façon » p.29
« Elle comprenait à présent que le mariage ne faisait
pas l’amour. Le premier rêve de Janie était mort, c’est ainsi qu’elle devint
femme. » p.38
« Les années effacèrent la lutte du visage de Janie. Un
temps elle crut qu’elle avait même abandonné son âme. Quoique fasse Jody, elle
ne répondait rien. Elle avait appris à en dire peu et à en laisser penser un
peu. Elle était une ornière sur la route. Grouillante de vie sous la surface,
mais sans cesse battue par les roues. » p.87
En quelques mots :
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Un
classique de la littérature américaine, qui est d’ailleurs enseigné dans les
écoles aux Etats-Unis. Une lecture envoutante et une héroïne qui part en quête
d’elle-même. Un roman important et intéressant.
Ma note pour ce livre :
5/5
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