Je
sais d’avance que je vais avoir du mal à écrire cette chronique. Je me doute
que ça va être très compliqué de lui rendre hommage. Ce n’est pas le fait qu’il
ait reçu le prix Pulitzer 2014 qui m’a
attiré. C’est la quatrième de couverture de mon édition : « Un minuscule tableau de maître. Un
oiseau fascinant. Un chef d’œuvre inestimable. C’est le moment de vous offrir
une œuvre d’art. »
Titre
du livre :
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Le
chardonneret
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Auteur :
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Donna Tartt
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Editions :
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Pocket
(édition limitée)
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Genre :
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roman
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Date de
sortie :
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Novembre
2015
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Pages :
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1100
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Thèmes :
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Art,
amitié, traumatisme, adolescence, vices
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C’est un
minuscule tableau de maître. Un oiseau fascinant. Inestimable.
La raison
pour laquelle Theo Decker, 13 ans, s’est retrouvé en possession de ce chef
d’œuvre de l’art flamand est une longue histoire…Un hasard qui, huit ans après
ce jour tragique de pluie et de cendres à New York, l’obsède toujours autant.
Des salons huppés de Manhattan aux bas-fonds
mafieux d’Amsterdam ou de Las Vegas, Le Chardonneret surveille l’effroyable
descente aux enfers de Theo et préside à son étrange destin…
Ma
première lecture de Donna Tartt fut Le
maitre des illusions que j’avais bien aimé mais ce ne fut pas une
lecture facile, ses histoires sont complexes, détaillées, longues, la psychologie
des personnages est très travaillée. Il faut s’accrocher !
Aujourd’hui
je vous parle du Chardonneret,
un pavé de plus de mille pages avec une histoire très dense. Ce livre m’a
complétement retourné. C’est une lecture qui a été crescendo, au début je me
demandais où l’auteur voulait m’emmener, mais je l’ai aimé de plus en plus au
fil des pages. La tension dramatique
est de plus en plus intense, je trouve que le récit est très bien mené,
construit intelligemment, et une multitude de thèmes sont développés.
Dans ce
livre on suit Théo 13 ans qui va vivre un drame avec sa mère dès le premier
chapitre. Je vous laisse découvrir ce que c’est, je vous dis juste que c’est un
événement qui va changer sa vie à jamais pour deux raisons. Premièrement parce
qu’il devra vivre avec ce traumatisme qui engendrera dépression, culpabilité,
solitude, renfermement.
Deuxièmement
car sa vie sera désormais liée à un minuscule tableau de maître ; Le chardonneret de Fabritius, peintre
flamand du 17ème siècle.
Le
tableau va devenir pour Théo à la fois une source inépuisable de fascination et de refuge et
en même temps ça va devenir pour lui un énorme fardeau.
On suit
Théo pendant une dizaine d’années, il nous livre ses angoisses, ses doutes, ses
pensées les plus profondes et on s’attache beaucoup à ce personnage. Il sera
trimbalé de New York à Las Vegas puis aux Pays-Bas. Pardonnez-moi mais il aura
vraiment une vie de merde, il s’en prend plein la tronche tout au long de l’histoire !
L’auteur nous dépeint une société et une jeunesse qui noie ses problèmes dans l’alcool,
la drogue et qui est tentée par l’argent sale.
Le climat
dans lequel on évolue est tendu, étouffant, malsain, angoissant. L’atmosphère
est très noire et le point de vue pessimiste mais Théo trouvera tout de même
des « bouées de sauvetage » notamment dans le personnage d’Hobie et
de Boris.
Ce livre
c’est aussi l’histoire d’une belle amitié entre Théo et Boris, mais qui devient
néfaste au fil du temps. Les deux garçons sont à l’opposés l’un de l’autre,
Théo est renfermé, malheureux, Boris est plus exubérant et désireux de faire de
nouvelles expériences. On peut dire qu’il aura une mauvaise influence sur Théo
car il l’entrainera sur la pente dangereuse de l’alcool et des drogues.
Ce que
j’ai trouvé remarquable c’est que à aucun moment on ne sent le jugement de l’auteur,
elle ne juge JAMAIS ses personnages, pourtant on a des personnages bien
bousillés, qui ne font pas toujours les bons choix.
La tension
dramatique dans ce livre est très intense et m’a tenu en haleine tout du
long. Donna Tartt a un talent fou pour décrire les états
d’âmes des personnages, les peurs, les doutes, la solitude, l’angoisse,
le sentiment de tristesse et de désespoir…
Ce livre
est un condensé d’émotions !
L’auteur
m’a bluffé aussi car son récit est extrêmement visuel, lors de ma lecture c’est
comme si je regardais un film américain, son écriture est cinématographique et ça en est que plus agréable à lire. Personnellement
je voyais très bien Bradley Cooper dans le rôle du père de Théo, un connard
fini, violent, alcoolique, accro aux jeux. J’avais parfois aussi en tête une
ambiance à la Very Bad Trip quand les
personnages se mettent la tête à l’envers.
La fin
est tout en palpitations. L’auteur propose une réflexion sur l’art, sur la
beauté et sur le bien et le mal. Théo fait des choix pas toujours
compréhensibles mais ce que nous amène à penser l’auteur c’est justement que
chaque mauvais choix est peut-être nécessaire pour parvenir au bien et au
bonheur ?
En
bref, j’ai savouré ce livre, Donna Tartt est une grande auteure et nous livre
là une œuvre aboutie, je ne serai pas étonnée que ce livre devienne un
classique d’ici quelques années aux Etats-Unis.
Ce fut
une lecture coup de poing.
Ce
n’est pas tous les jours qu’on se retrouve avec une telle pépite entre les
mains. C’est le genre de livre qui nous marque et qu’on n’oubliera jamais.
« Tu
serais étonné Théo, comme des petites choses quotidiennes peuvent sauver du désespoir,
[…] Mais personne ne peut le faire à ta place. C’est toi qui dois chercher la porte
ouverte. » p.241
« Quand
je regardais le tableau, j’éprouvais la même convergence en un seul et unique
point : un bref instant touché par le soleil qui existait maintenant et
pour toujours. C’est fortuitement que je remarquais la chaine à la cheville de
l’oiseau, ou que je songeais combien la vie de cette petite créature, battant
brièvement des ailes puis toujours forcée, sans espoir, d’atterrir au même
endroit, avait dû être cruelle. » p.436
« Un
cœur égaré. Le fétichisme du secret. Ces gens comprenaient, comme moi, les
méandres obscurs de l’âme, les chuchotements et les ombres, l’argent qui glisse
d’une main à l’autre, le mot de passe, le code, le second soi, toutes les
consolations cachées qui élevaient la vie au-dessus de l’ordinaire et faisaient
qu’elle valait la peine d’être vécue » p.748
Un
livre inoubliable, une ode à l’art et à la vie dans ce qu’elle a de plus
douloureux. Ce livre m’a beaucoup touché et je le recommande aux amoureux de la
littérature et des mots. Une pépite.
Ma note pour ce livre :
5/5
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